Comment des fruits traités par des pesticides interdits se retrouvent dans ton assiette

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Des fruits et légumes aux pesticides interdits à table ?

La semaine dernière, par le biais d’un pomelo chinois que m’a mère a apporté à Noël, s’est rappelée à moi une aberration qui m’avait surprise lorsque j’étais encore étudiante en agroalimentaire.

En effet, c’est lors d’un cours sur la législation de l’alimentation que j’ai appris avec stupéfaction que des produits qui étaient interdits de production en France ou en Europe pouvait être importés chez nous. Et donc pareil pour les fruits et légumes traités par des pesticides interdits en France.

D’où la méfiance que j’ai eue envers ce pauvre pomelo chinois la semaine dernière !

Pomelo chinois dans son filet
Photo : Mahel
Mon pomelo chinois à l’origine de cette discorde 🙂
Main montrant l'étiquette du pomelo où est indiqué avec quoi le fruit a été traité comme pesticides et fongicides : du prochloraze et de l'imazalil

Photo : Mahel
NB : Les produits fongicides présentés sur cette photo sont pour le 1er un perturbateur endocrinien et pour le second, un cancérigène probable. Mais ils ne sont pas interdits dans l’Union Européenne (en tout cas, pas pour le moment).

Je te partage dans cet article ce qu’il en est des fruits et légumes d’importation traités avec des produits phytosanitaires interdits en Europe (et en France), ainsi que 4 pistes pour les contourner.

Et oui !

Il est tout à fait possible d’interdire l’utilisation de certains pesticides et herbicides dans un pays mais d’en retrouver… dans des fruits et légumes d’importation de ce même pays !

En fait, des produits phytosanitaires, interdits d’utilisation en France, peuvent quand même être produits (en France ou en Europe) et être utilisés ailleurs. Parce que la réglementation internationale donne la souveraineté aux Etats pour homologuer les produits phytosanitaires : ainsi, si une molécule est autorisée dans un pays, le fruit qui a été produit et traité là-bas avec cette molécule, a le droit d’être exporté et venir chez nous en toute légalité.

Les conséquences ?

Ce n’est pas parce qu’un pesticide est interdit dans notre pays qu’on ne s’empoisonne pas quand même. Tu peux donc arriver à manger des fruits traités avec des pesticides interdits en France.

Ensuite, l’agriculteur français peut être puni s’il s’en sert (encore heureux !) alors qu’en parallèle, des produits importés en contiennent et s’invitent tranquillement dans nos assiettes.

D’ailleurs, on n’oublie pas que le Brésil vient de légaliser plus de 200 pesticides et que ses fruits/légumes traités peuvent entrer pépère sur notre territoire.

Les fabricants de pesticides européens fabriquent des produits interdits dans leurs propres pays et les revendent à l’étranger. Puis les fruits et légumes traités reviennent en Europe. Et nous finissons inévitablement par les consommer. Dingue, non ?

Certains pesticides ont été interdits d’utilisation en Europe, mais leurs ventes vers le Brésil ont tout de même augmenté… or 80% des fruits/légumes brésiliens sont destinés à la consommation européenne.

Malheureusement, le Brésil n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Mais pourquoi on laisse faire ?

Sous prétexte de garder des emplois. Les industriels de l’agrochimie savent bien jouer sur la corde sensible et faire pencher les décisions en leur faveur. Bien sûr, il est primordial de sauver les emplois. Mais sauver des emplois en empoisonnant les gens, est-ce que c’est ça la solution ?

Est-ce qu’il ne faudrait pas songer à mettre en place des démarches plus holistiques, tournées vers l’avenir et la pérennité ? Qui pourraient satisfaire ET les emplois ET la santé de tous ? Car la finalité c’est que sur le long terme on n’aide personne et on se tue tous à petit feu.

Bref, le système est pour l’instant ainsi et c’est, entre autres, par le consommateur que les choses peuvent changer. Et il y a des pistes pour (essayer) de faire bouger les choses à notre échelle de citoyen du monde.

Piste #1 : Autant que possible fais le choix du local

Surtout lorsqu’il s’agit d’un fruit/légume que ton pays sait tout à fait produire. Pourquoi aller chercher une poire en Argentine alors qu’on sait très bien la faire chez nous ? Bien sûr ça implique de consommer de saison puisque ça ne poussera pas hors saison en France. D’ailleurs, manger de saison, c’est aussi limiter le risque d’utilisation de produits dangereux. Et pour les fruits qui ne poussent pas sous les tropiques de la Métropole, n’oublie pas que les Antilles françaises produisent d’excellentes bananes par exemple !

Piste #2 : Privilégie si possible la bio

MAIS la bio INTELLIGENTE ! Laisse tomber la pomme bio qui vient du Chili, si tu sais qu’à côté de chez toi il y a un gars qui en produit sans traiter. Aussi, sache que la France vient d’autoriser la production de fruits et légumes bio hors saison en serres chauffées. Ok c’est bio, mais ça a un impact désastreux sur notre environnement et c’est nutritionnellement moins qualitatif. Aucun intérêt. Garde en tête que chaque saison a sa diversité de fruits et légumes ! D’où l’importance de bien connaître les produits de saison. Pour cela, tu trouveras sur le net plein de calendriers de fruits et légumes. Celui du site Manger – Bouger est très bien fait 😉

Piste #3 : Achète moins mais mieux

Parce que parfois les produits plus sains sont plus chers. Et dans ce cas, il vaut mieux en manger un peu moins et privilégier sa santé sur le long terme. Et si tu compares les prix, il y a souvent moyen de trouver le bon distributeur qui vend à un prix correct.

Piste #4 : Se tourner vers les labels

Attention tout de même, à bien comprendre ce qu’ils signifient EXACTEMENT et en sachant que tous ne se valent pas : certains ont été créés par les fabricants ou les lobbys eux-mêmes. Il n’est pas rare d’avoir de mauvaises surprises, car certains ne sont pas vraiment encadrés par la loi. Et il y a des différences de cadres en ce qui concernent les modes de production, le respect de l’environnement ou des travailleurs.

Pour résumer, essayer d’éviter ces fruits et légumes traités par pesticides interdits et importés, ça implique quelque part de consommer responsable : vis-à-vis de la planète bien sûr, mais aussi vis-à-vis des producteurs face à une concurrence presque déloyale (même si on apprécie l’idée qu’ils ne traitent pas avec n’importe quoi) et vis-à-vis des autres habitants de cette planète chez qui on envoie des produits dangereux dont on ne veut pas chez nous.

J’espère que ces infos et ces quelques pistes t’auront fait découvrir ce qui se cache dans certains produits importés et derrière des interdictions qui sont soi-disant censés nous protéger et qui ne le font pas forcément. Ou bien qu’ils te confortent dans l’idée de continuer à mieux choisir ce que tu consommes !

Quelles sont tes astuces pour contourner ce genre d’aberration ? Arrives-tu à savoir si tes fruits et légumes sont traités aux pesticides lorsque tu les achètes ? Comment t’y prends-tu au quotidien pour faire manger ta famille de manière la plus sécure et la plus saine possible ?

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Mélanie Landais
Mélanie Landais

Je suis experte auprès des femmes en reconversion dans les métiers de l’alimentation, qui veulent créer et vivre d' une activité qui leur permette de croquer leur vie professionnelle à pleines dents

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Cet article a 5 commentaires

  1. Boixel

    Très intéressant comme article. Je ne m’étais jamais posé la question pour les produits importés ! Dommage pour le pomelos chinois que l’on aime bien à la maison !!!

  2. Marotte

    Super intéressant comme article. La mondilaisation et le capitalisme nous ont fait perdre tout notre bon sens !
    Mais loin d être des victimes, nous avons un pouvoir extraordinaire : notre consommation qui est un bulletin de vote en or !
    Souvent le prix des fruits et des legumes bio est décrié mais qu’en est-il du véritable prix des produits traités et que l’ on ne voit pas : le prix de la santé qui se dégrade de plus en plus, le prix des eaux à retraiter car polluée…. on ne le voit pas directement mais je vous assure qu’on les paie !

    1. Mélanie

      Malheureusement, c’est vrai qu’on ne pense pas forcément à regarder le coût des conséquences parce qu’on a l’impression elles ne sortent pas directement de notre poche.

  3. Isabelle Roux

    Bonjour, en novembre 2019 j’ai mangé un pomolos entier acheté à Londres. Résultats, malade, à vomir vomir vomir, tremblements, maux de tête, etc, je me sentais comme irradié. J’avais déjà jeté l’étiquette donc mes recherches n’ont pas été aussi précises que les vôtres. Donc un très grand merci et je vais faire de l’information pour le peuple.

    1. Mélanie

      Waouh ! Heureuse de savoir que ça va mieux et que cela vous ait apporté de l’information !

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